Slam et poesie

J’ai jamais connu mon père,

C’est une Castafiotte qui m’a élevé,

Il était soi-disant reporter

Entre le Congo et le Tibet…

J’ai grandi à Moulinsart,

Je me tapais en secret la licorne…

A l école j’étais en retard,

J’ai pas le Q.I de Tournesol !

Comme le professeur je suis un peu sourd !

J’ai maintenant l’oreille cassée.

Papa m’a fait soigné au Darfour,

Les pays plein d’or noir ça le connait !

Je suis plus rasta que popoulos

Et quand Rackham boit du rouge

Je m’envole avec des Picaros

Marcher sur la lune sans que je bouge !

Je suis fiché au Hergé

Pour une histoire de coke en stock.

Les Dupont m’ont dénoncé

Pour avoir mis leur nièce en cloque !

Plus tard je veux pas faire comme papa !

J’aimerais être acteur porno !

Ma meuf s’appellera Tabatha

Dans la version X des cigares du pharaon…

Frontière,

Muraille de fils barbelés,

Exauce ma prière

Et laisse moi donc pénétrer

Dans ce blanc sanctuaire

Que tu dois protéger

Des légions étrangères

A la peau basanée.

Frontière,

Ligne rouge sur le papier,

Tracée à l'équerre

Pour des colons attirés

Par les ressources minières

De ces peuples enchaînés.

Frontières,

Lave des plages maculées

Du sang de mes frères

Qui ont voulu échanger

Leur vie de misère

Contre ces bateaux meutriers.

Frontrière,

Je te conseille de reculer,

De faire machine arrière

d'aller en retraite anticipée

de changer de carrière

avec tous tes douaniers!

On m’a coupé les Assedic

Je me rabats sur le RMI

C’est beaucoup moins, c’est ça le hic

Mais c’est mieux que le travail de nuit !

J’ai rendez vous à l’ANPE

Ma conseillère veut des aveux !

« Rentrez dans le monde du travail

Vous éviterez des représailles ! »

Je lui explique que bosser à la chaîne

Ça me file la migraine !

Et qu’au lieu de faire les 3-8

Je préfère les 5 à 7 !

On m’a coupé les Assedic

Je me rabats sur le RMI

C’est beaucoup moins c’est ça le hic

Mais c’est mieux que le travail de nuit!

« Pour décrocher un entretien

Mettez à jour votre CV

Ôtez les stages qui servent à rien

Et mettez en avant vos qualités ! »

Je lui explique que j’ai pas de costard

Que les recruteurs me filent le bourdon

Et que pour vivre pénard

Faut évitez d’aller au charbon !

On m’a coupé les Assedic

Je me rabats sur le RMI

C’est beaucoup moins c’est ça le hic

Mais c’est mieux que le travail de nuit !

Ma conseillère m’a radié des listes

Je suis vraiment mal barré !

« Dans ce monde productiviste

Y’a pas de place pour les assistés »!

On m’a coupé les Assedic

Je me rabats sur le RMI

C’est beaucoup moins c’est ça le hic

Mais c’est mieux que le travail de nuit !

C’est l’histoire de la pâle copie

D’un pauvre paltoquet

Qui a troqué ses utopies

Pour trinquer dans les troquets !

Si la vie est une Monopoly

Remettez moi sur la case départ

Car dans cette putain de partie

J’ai déjà un foie de retard !

C’est à reculons que je vais vers la trentaine

Pourtant l’alcool m’a expédié en quarantaine

Je pensais m’évader mais la réalité m’a repris de justesse

Je suis derrière les barreaux, tombé pour ivresse.

Quand je serai six pieds sous terre

Si tu me snobes, bonhomme,

Ecoutes ces quelques mots !

Tu m’auras peut être à la bonne

Après avoir écouté mon flot…

Car moi, j’ai les mots pour arsenal,

Et mon stylo est ma seule arme,

C’est dément !

Mes cartouches ?

C’est l’encre rouge

De mon sang !

Un mot c’est de la balle !

Soit il fait mouche,

Soit il ricoche

Sur un dommage collatéral !

Mon but est de te laisser sans voix

De te couper le souffle !

Ne fais pas le fier à bras

Car dès le coup d’envoi, je touche !

Descends du ring, t’es qu’un poids plume

Un crochet, un swing et je t’enrhume !

Tu jettes l’éponge, t’es compté K-O !

Reprends l’entraînement et relis le dico.

Au mieux tu seras poète remplaçant !

Condamné pour 90 minutes à rester le banc !

Tes rimes et tes passes manquent de profondeur

Carton rouge! L’arbitre t’a dans le collimateur !

Muscle ton jeu, tes rimes c’est que du vent !

Tu crois que l’inspiration passe par les anabolisants

Mais il en faut plus pour être gonflé à bloc !

Moi Je puise dans mes réserves et toi t’as de la coke en stock !

Dans l’arène c’est toi le toro

Mes banderilles sont faites de mots.

Je te mate, t’adores !

J’abrège la corrida ! C’est l’heure de ta mise à mort !

Je me prénomme Abdallah

Parait qu’ici j’ai plus ma place

Allez casse toi avec ta smala

Pour nous tu es la nouvelle menace !

New York! Madrid! Londres! « Je suis Partout! »

C'est toujours moi qu’on montre du doigt !

De Ben Laden je serais le toutou !

Pour une fois j’ai la gueule de l’emploi…

Si ce n’est pas moi, c’est donc mon frère !

Je suis la cause de tous vos problèmes

La solution ? C’est les charters

Ou l’explosion des HLM

Je me prénomme Benjamin

Dans vos miroirs j’ai le nez crochu

Des colons je suis forcément le larbin,

Pour certains j’ai aussi la langue fourchue.

Depuis toujours le suis le coupable idéal

A quand un nouveau pogrom ?

Ou pourquoi pas la cour martial

Baptisez moi Dreyfus pour la forme !

Les miens sont des globe-trotters

Déracinés depuis 3000 ans

Revenir sur ce lopin de terre

C’est ne plus être un Juif Errant

Une solution serait la coloc

Même si y’a des travaux à prévoir

Cassons d’abord ce mur qui choque

Y’aura de la place vous pouvez me croire !

La cuisine électorale a commencé!

L’UMP et le PS sont en ébullition

Leurs seconds couteaux sont aiguisés

Moi je frise déjà l’indigestion

Organisez-moi une soirée télé

Je vous offrirai l’élection sur un plateau !

Voyez le programme que j’ai mitonné

Du gigôlisme à la sauce gaucho !

Y’en aura pour tous les goûts

Y’aura à boire et à manger

J’ai la recette des projets les plus fous

Mais l’addition risque d’être salée

Tous les candidats sont en rang d’oignons

La plupart traîne des casseroles

Si ce sont eux nos futurs cuistots

La tambouille sera pas bonne

J’en ai marre d’écouter leurs salades

Leur programme me file la nausée

Ils ont le don pour me rendre malade

Ca y est! La moutarde me monte au nez !

Moi, comme entrée en matière,

Je vous propose de mettre les pieds dans le plat !

Je sors p’être pas de la cuisine de Jupiter,

Mais je ne vous laisserai jamais chocolat !

Me ne prenez pas pour un bleu

Le débat risque d’être saignant

Amenez moi de Ro-bien cuit à petit feu

C’est à poing que je lui rentre dedans !

La politique est devenue un fast food !

Je suis dévoré par la bouche de métro

Il y a beaucoup de gens en transit

Mais leurs problèmes intestinaux

Me font descendre à Austerlitz.

La rame vomit les travailleurs

Comme soulevée par un haut le cœur

Elle a du avaler de travers

Tous ces cons pressés compressés

Qui lui laissent un goût amer.

Ma rame de métro veut manger plus équilibré !

Pour qu’elle garde sa ligne

Je lui propose de manger sur le pouce

C’est l’heure de pointe donc elle rechigne !

Je lui rétorque qu’on boira juste une mousse.

La fréquentation du bar baisse

Mais en moi monte l’ivresse !

Je lui offre des tulipes façon Guimard

Elle trouve ça démodé, j’ai un siècle de retard…

Je l’entraîne chez moi pour un dernier vers

Ma rame accepte mais flaire le plan galère !

Mes lèvres effleurent sa bouche

Je la prends en correspondance

Ce n’est pas une Sainte Nitouche

C’est même elle qui mène la danse !

Elle me remercie car je l’ai remise sur les rails

Mais en guise d’adieu, elle me lance un cinglant "Bye-bye"

Je l’ai plus revue, elle m’a laissé sur le quai

Dommage, pour une fois que j’avais un ticket !